Les étapes de l’agnelage et les précautions à prendre
La gestation dure de 145 à 150 jours ; les 2 derniers mois, l’agneau à naître prend 80% de son poids. Pendant cette dernière période, la brebis doit avoir une bonne alimentation assez riche pour être en « bon état sans être trop grasse » lors de l’agnelage. Si besoin, un léger complément de granulés ovin ou orge entière (100 à 150g/j) permet de compenser la faible valeur nutritive de l’herbe ou du foin à cette période (en janvier, février, mars).
Laissez vivre votre brebis Ouessant dans son espace habituel, c’est-à-dire en plein air avec bien sûr un accès à un abri où elle peut s’abriter, si elle le souhaite. La brebis Ouessant est adaptée à tous les temps (pluie, froid, neige…). Grâce à son épaisse toison de type primitif, elle peut rester dehors sans problème nuit et jour.
Si pour différentes raisons de conduite d’élevage, les brebis sont rentrées en bergerie, il est recommandé de leur laisser la possibilité d’exercice dans la journée pour maintenir en bon état la musculature, coeur et poumons, ce qui facilitera la mise bas et limitera les complications car l’élasticité et la force sont nécessaires à la sortie de l’agneau.
Phase préparatoire
- Prévoir un endroit propre à l’abri de possibles infections, où l’agneau et sa mère, dans les heures qui suivent la naissance, seront protégés des prédateurs : renards, corbeaux…
- Vers la fin de gestation (sans connaître la date exacte), observez tranquillement le comportement de la ou des brebis gestantes.
- Faire attention aux dangers potentiels que peut courir l’agneau : il serait dommage de le perdre à la naissance (noyé dans l’auge, coincé dans le grillage, etc).
Signes avant-coureurs de l’agnelage
Très souvent, nous constatons la naissance, nous assistons rarement à la mise bas (en direct). Voici deux signes à surveiller :
- Une dizaine de jours avant l’agnelage, les mamelles vont grossir, le pis s’allonge et devient ferme.
- Quelques heures avant, les lèvres de la vulve se relâchent et se congestionnent, il y a parfois une perte de mucus.
Phase de travail
Le travail est le début effectif de la mise bas. La brebis s’isole de ses congénères, s’arrête de brouter et de ruminer.
Elle se couche et se relève souvent. Elle urine fréquemment et le ventre descend.
En début du travail, il est important de laisser la brebis sur place dans le calme.
A ce stade, il est indispensable de ne rien faire : « laisser les choses se dérouler naturellement » en surveillant d’un oeil. En effet, toute manipulation peut entraîner le stress de la brebis et retarder le déroulement de la mise bas de plusieurs heures, et augmenter également le risque d’accidents à la naissance.
Au début des contractions, il y a dilatation du col de l’utérus puis expulsion de la poche des eaux que l’on peut voir mais qu’il ne faut pas percer.
Phase d’expulsion
L’agneau sort environ 15 à 20 minutes après la perte des eaux.
Il se présente normalement par l’avant, la tête posée sur les pattes avant ; le dessus des sabots apparaît en premier. En cas de naissance par le siège, c’est le dessous des sabots des pattes arrière que l’on voit d’abord.
Faut-il aider la brebis ou pas ?
Si, plus d’une heure après la perte des eaux (liquide amniotique), la situation n’évolue pas (bloquée), il est indispensable d’intervenir en prenant l’avis d’un vétérinaire, surtout les premières fois : par son expérience, il pourra vous apprendre à faire les bons gestes et prendre les bonnes décisions.
Si le travail a été trop long, que la brebis est épuisée et que l’agneau se présente bien, il convient alors de tirer tête et pattes avant ensemble lors d’une contraction, en suivant le rythme de la brebis.
Une fois sorti, si le jeune est inerte, il faut dégager les narines et la bouche des glaires, le prendre par les pattes arrières, le balancer un peu tête en bas et le frictionner avec de la paille.
S’il bêle (il se remet d’une expulsion trop longue), sa mère réagit, alors le mieux est de laisser tout ce petit monde se reposer.
Parfois, si la situation est plus compliquée, le vétérinaire pratiquera une césarienne car la voie génitale est trop étroite pour intervenir efficacement.
Après la naissance
Très souvent, la nature fait bien les choses et les naissances délicates sont plutôt rares chez la brebis Ouessant. Les agneaux pèsent de 900 g à 1,6 kg, voire 1,9 kg.
La brebis s’occupe immédiatement de son petit : elle le lèche et le nettoie complètement de ses glaires ; cela stimule la respiration et la circulation du sang de l’agneau et sèche son corps.
La mère émet de petits bêlements auxquels son petit répond, ce qui leur permet de se reconnaître. Des liens se nouent entre eux, par le son et l’odeur que la brebis transmet à l’agneau quand elle prend soin de lui. Aussi, il est souhaitable de ne pas manipuler l’agneau à ce stade.
Le cordon ombilical se détache de lui-même, il ne faut pas y toucher. En cas de problème, badigeonner entièrement le nombril de teinture d’iode pour éviter toute infection.
Le placenta est expulsé dans les 2 heures qui suivent la naissance. Il ne faut absolument pas tirer soi-même, on risquerait qu’une partie reste dans l’utérus de la mère, entraînant de graves complications post-agnelage (infection utérine).
Parfois, la brebis Ouessant mange le placenta, ce qui fournit un apport en vitamines, fer, oligo-éléments, stimule la montée de lait, renforce les défenses immunitaires… mais présente également un risque de transmission de maladies (brucellose…) ; Et cela rend un peu plus difficile la vérification de l’expulsion complète du placenta.
Si la brebis ne s’est pas occupée du placenta, il est bien de s’en débarrasser (l’enfouir dans le tas de fumier) afin d’éviter d’attirer les prédateurs.
Soins à apporter à la mère et son petit
LA BREBIS :
Donnez-lui suffisamment d’eau pour qu’elle puisse se réhydrater.
Il ne faut pas lui donner de ration de grain supplémentaire juste après la mise bas, ni augmenter brutalement les rations, au risque de provoquer des troubles métaboliques.
L’AGNEAU :
Il faut en prendre soin. Vigoureux, il se mettra sur les pattes au bout de 10 à 20 minutes et cherchera le pis de sa mère. Il est important pour l’agneau de consommer, le plus tôt possible et en quantité suffisante, le premier lait secrété par sa mère (le colostrum).
Le colostrum contient une grande concentration de sucres qui complètent les faibles réserves énergétiques et qui servent à maintenir la chaleur du corps. Il contient surtout des vitamines et anticorps vitaux, directement assimilés dans les seules premières 24h. Il est vital pour le nouveau-né que le colostrum soit pris dans les 4h après la naissance.
Observez l’agneau et sa mère, et en cas de doute, assurez-vous que le lait de la brebis coule bien, en pressant le trayon. Parfois, du sérum obstrue l’évacuation du lait, il faut alors « déboucher ».
Dans les jours suivants, observez le comportement de la brebis quand l’agneau veut téter ; s’il y a rejet, il faut vérifier la mamelle pour s’assurer de l’absence de montée de lait ou de mammite.
Et parfois, il faut faire téter l’agneau en maintenant la brebis. Un agneau qui ne boit pas se déshydrate très vite ; cela peut nécessiter un apport de lait artificiel (au biberon), dans l’attente de la montée de lait chez la brebis.
Faut-il séparer le bélier des brebis et agneaux ?
Il est fréquent, dans les petits troupeaux, que le bélier soit toute l’année avec les brebis.
Certains béliers peuvent se montrer agressifs envers les agneaux. Ils peuvent aussi harceler la brebis car elle est remplie d’hormones et d’odeurs qui « excitent » les mâles. Il faut donc séparer le bélier pour la sécurité et la tranquillité de la mère et du petit, surtout dans la période où se crée le lien entre la mère et l’agneau.
Le bélier va se retrouver seul, ce qui génère du stress. Aussi, il pourra être réintroduit quand l’agneau sera assez bien dégourdi sur ses pattes pour se sauver et se rapprocher de sa mère ; il convient de surveiller si tout se passe au mieux.
Séparer les béliers des brebis avant l’agnelage permet d’éviter les naissances hors saison (août à octobre), comme cela s’est produit dans plusieurs élevages en 2020.
Repère d’identification (provisoire)
Même si chaque agneau est unique, il peut être nécessaire de poser un repère pour l’identifier afin d’établir sa filiation maternelle et pouvoir le repérer dans un lot.
Il existe des petites boucles de travail. Nous pouvons aussi utiliser un caoutchouc (rondelles de conserve) sur lequel peut être écrit, au feutre indélébile, le numéro de la mère et la date de naissance de l’agneau.
Les boucles définitives seront posées vers 4/5 mois, ou pour la sortie de l’élevage.